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La première cigarette

Ce n'est pas Maëlle qui m'a fait fumer ma première cigarette. C'est avec elle que j'ai fumé ma première cigarette entière sans vomir juste après. Au départ je tirais sur ses clopes à elle, pour m'imaginer que l'air que j'inspirais me liait à elle, c'est un peu comme quand près d'elle je tentais de respirer la fumée blanche qui sortait de sa bouche, une vapeur qu'elle avait inhalée, que je voulais inhaler à mon tour. Il n'y avait pas qu'elle. Il y avait les amis qui traînent avec nous, ceux qui comme moi voulaient s'initier à cette drogue grise. Au départ je la regardais toujours avec ce petit air charmeur pour demander « princesse, je peux tirer deux secondes ? »

 

De fil en aiguille elle m'en proposait une entière. Au début je lui demandais de tirer dessus avant moi, pour me faire comme si cela me donnait une raison de fumer : la clope avait touché ses lèvres alors elle était prête à toucher les miennes. Finalement je fumais sans ses lèvres quelques jours plus tard, elle fumait à côté de moi. Les amis autour de nous parlent et rient, nous rions avec eux mais une chaleur nous lie dans mon esprit. Elle fume elle, elle fume sans penser à rien, moi je me rapproche d'elle.

 

Quand nous marchons ensemble elle me passe des cigarettes, autant que je veux, parce qu'elle ne me refuse rien. Je la regarde toujours fumer, du coin de l’œil et elle me demande « quoi ? ». Je lui dis qu'il n'y a rien avec un sourire malicieux qui lui murmure que j'aime la taquiner et la regarder. Dans une sorte de tendresse, parfois, d'un geste un peu violent, elle me dit « fume pas ça » quand j'arrive près du mégot. C'est nous blottir ensemble.
 

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