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Ce soir-là


Ce soir-là je rentrais d'un dîner chiant avec un mec raciste que je ne supportais pas, qui m'adorait (ce con) et qui m'avait fait manger à m'en exploser le ventre comme un préservatif gonflé avec du sirop de grenadine light.

Il était tard, j'étais pressée, prise dans mes pensées. J'insultais l'homme dans ma tête, je réfléchissais, je plaignais le monde de subir tant de haine et de mépris de la part d'un seul homme, j'avais le cœur gros comme mon ventre.

Le soir pesait sur moi comme s'il était tout droit sorti d'une dure nuit d'été, lourde, orageuse, et je m'enfonçais dans ma propre tête, je m'enracinais au fond de mes « pourquoi ».

Mais tout à coup j'ai trébuché.

J'ai regardé à gauche, à droite

Je me suis retournée pour vérifier

Que personne ne m'avait vue

Bizarrement j'ai regardé mes pieds

J'ai regardé le ciel

Et je l'ai vu

Le monde

 

Le monde est une boule à neige

Au début du printemps

Quand elle a laissé ses flocons s'éclipser pour un ciel immense

Et bleu clair, alors qu'il fait nuit

Et que les étoiles et la lune scintillent à travers le tissu du ciel pâle et sombre

Éclairé par les lumières de la ville qui montent jusqu'à lui.

 

Le monde c'est la ville, le firmament, unis

C'est les lumières des alentours qui montent, attirées par la nuit

Et qui forment au ciel

Des milliers de petites lunes

Que je pourrais saisir entre mes doigts

Détacher du ciel et poser très délicatement

Un peu plus haut encore

Et rire

 

La nuit était si douce,

Le ciel était si grand...

Et la rue si brillante

Me draguait

Je l'aimais

Mes talons hauts

Me rendaient si légère

Et j'ai marché plus vite

Plus lentement

J'aurais bien pu courir

J'aurais bien pu danser

Et chanter à tue-tête

Pour faire de ce vif éclair

Un soir de fête

Une éternité

 

Ce soir-là j'ai chopé la lune

J'ai vu le monde, ce globe infini, immense

Aux parois translucides

Transpercées

Par des flocons d'espoir

 

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